Hôtel le Meurice, lundi 22 mars. L’établissement 5 étoiles de la rue Rivoli, au cœur de Paris, connaît une drôle d’agitation. Le retour des touristes fortunés ? Non. Seulement dix clients ont réservé une chambre ce jour-là, dont Isabelle Adjani et ses six chats. Toutes les allées et venues sont ceux d’une équipe de télévision qui a investi les lieux pour trois jours. Celle de Thierry Ardisson, un habitué. A 72 ans, l’animateur vedette signe son grand retour sur France Télévisions, 15 ans après l’arrêt de « Tout le monde en parle », suivi d’un exil sur Canal + puis C8. Avec ce nouveau rendez-vous intitulé « L’Hôtel du Temps », il revient sous la lumière avec une interview posthume d’une personnalité populaire qui a marqué son époque. Lui appelle ça une « interview-fiction ».
Pour la première, Thierry Ardisson a ressuscité Jean Gabin, acteur mythique décédé en 1976. Un projet, coproduit avec 3e Œil (« C à vous »), qui a d’abord été refusé par Netflix et Amazon avant l’accord de Delphine Ernotte (patronne du service public) en octobre 2019. Au total, il a fallu deux ans de préparation et l’aide du CNC pour boucler un budget avoisinant les 600 000 euros.
Steve McQueen, Audrey Hepburn, Lady Di…
Dans les couloirs du palace parisien, l’animateur croise d’abord les portraits animés de Steve McQueen et d’Audrey Hepburn, qui lui envoie un baiser. L’ambiance est posée. Direction l’ascenseur, où Thierry Ardisson rajeunit de 20 ans. Ce qui va suivre est dix fois plus bluffant. Les portes s’ouvrent au septième étage, face à la suite Belle Étoile, un appartement-terrasse de 650 m2, avec vue sur la tour Eiffel. Un luxe que s’offrent habituellement les superstars pour 25 000 euros la nuit. Cette fois, ce cadre ultrachic sert de décor pour la nouvelle émission du vendredi soir de France 3, à partir de la rentrée. En robe de chambre, Gabin y reçoit Ardisson, qu’il appelle « mon p’tit gars ». L’intervieweur s’attarde sur les passages clés du parcours hors-norme de l’acteur du « Quai des brumes », de « La Belle Equipe », de « Pépé le Moko » et de 92 autres films, dont certains aussi cultes que ses répliques.
L’homme en noir le questionnera également sur sa traversée du désert d’après guerre, son enfance à Mériel (Val-d’Oise), ses débuts aux Folies Bergère, son engagement dans la 2e DB du général Leclerc, ses relations avec Mistinguett, son départ pour Hollywood, ses derniers jours passés dans sa ferme normande ou encore ses prises de position politiques. Comme s’il était encore vivant. Le tout rythmé par « une horloge du temps ». Les deux hommes poursuivront au salon Pompadour, autour d’une entrecôte frites et d’un « pichet de beaujolais ». Zéro question sur la pandémie, les gilets jaunes ou d’autres sujets d’actualité. Toute la discussion est basée sur de vrais propos, tenus à l’époque. Une petite prouesse côté archives.
Côté technique, le niveau est encore plus élevé. C’est le studio Mac Guff, spécialisé dans les effets spéciaux, qui a redonné vie à Jean Gabin, via le Face Retriever, une technique utilisée pour le film « Cinquième Set » avec Alex Lutz encore plus poussée que celle du deepfake popularisé par « C’est Canteloup » sur TF1. Ici, c’est un comédien, Cédric Weber (vu dans « Balthazar », « Alex Hugo »…), au physique proche de Gabin, qui sert de modèle. Il a également dû travailler ses postures. Ce n’est qu’au montage qu’il prendra le visage de celui qu’on surnommait « Le patron ». Et pour doubler la voix, Thierry Ardisson a fait appel à l’imitateur François Jérôme.
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Au bar du Meurice, l’ancien publicitaire y croisera un vrai-faux François Mitterrand (campé par Yves Lecoq) en pleine discussion avec une quasi vraie Lady Diana (alias Delphine Lanniel), invitée à être la star du prochain numéro de « L’Hôtel du Temps ». Autre innovation, plusieurs personnalités apparaissent au cours de l’interview via des écrans transparents, qui donnent l’impression d’hologrammes. On verra ainsi directement intervenir Louis de Funès, Michèle Morgan, Marlene Dietrich ou encore Michel Audiard. D’autres étaient prévus au générique, comme Yves Montand, Karl Lagerfeld, Johnny Hallyday, Marilyn Monroe et Coluche, avant d’être finalement zappés en postproduction. Quant à Dalida, c’est au téléphone qu’Ardisson lui répondra.
Le retour de Sébastien Thoen, l’humoriste viré de Canal +
Pour cette création, l’animateur s’est entouré d’une bande de personnages récurrents, notamment Sébastien Thoen, dont c’est également le retour à l’écran après son éviction de Canal + à la suite d’une parodie de CNews. Il endosse le rôle du concierge. Devant l’entrée du Meurice, c’est lui qui accueille l’interviewer vedette, sans même le reconnaître. « Pardonnez-moi. Ça fait un moment qu’on ne vous a pas vu à la télévision », lui lance-t-il. Thomas Séraphine, son complice d’« Action discrète », sur la chaîne cryptée se retrouve en maître d’hôtel. On entend aussi quelques notes de « La vie en rose » jouées au piano par le musicien Hervé Devolder et l’air de « Touchez pas au grisbi » avec Philippe Tailleferd, candidat de la saison 1 de « The Voice », à l’harmonica.
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Autre surprise, c’est la première fois que les téléspectateurs découvriront Thierry Ardisson de… dos, dans plusieurs plans très cinématographiques sur le titre « Cold Song » de Klaus Nomi. Jusqu’ici, il avait toujours fait attention à n’apparaître que de face. De longues séquences plus tard, l’émission se termine par un échange avec la barmaid, incarnée par Laurence Roustandjee, ex-présentatrice météo sur M 6. À Thierry Ardisson : « Vous reviendrez ? ». Lui : « Tous les mois. Enfin, j’espère ! »
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