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Le sport, synonyme de bien-être et d’épanouissement, peut parfois causer de gros dégâts. Selon le ministère des Sports français, 610 affaires ont été signalées à la cellule qui traite le problème des violences sexuelles dans le sport depuis sa mise en place en 2020.
« Le temps du silence est terminé » s'est félicité ce mercredi 9 mars Roxana Maracineanu, devant quelques-unes des sportives victimes de violences par le passé : la patineuse Sarah Abitbol, la joueuse de tennis Isabelle Demongeot, ou encore l'athlète Catherine Moyon de Baecque.
Selon la cellule ministérielle qui recense les violences sexuelles dans le sport, 84% des victimes sont des mineurs. 73 % des dossiers concernent des faits commis au cours des 10 dernières années et 107 affaires portent même sur la saison sportive 2020-2021. Les personnes dénoncées sont des éducateurs rémunérés, des bénévoles et 36 avaient un statut d’agent d’État. Au total, 655 personnes sont mises en cause, dont 97% d'hommes. La majorité des fédérations sportives sont concernées. Actuellement, 449 dossiers sont clos alors que 206 enquêtes sont en cours. Le constat est là, les violences sexuelles dans le sport existent. La mise en place du contrôle d'honorabilité des bénévoles progressivement depuis septembre 2021 a permis de contrôler 341 000 bénévoles de 68 fédérations. Ces contrôles ont abouti à 17 mesures d'incapacité d'exercer comme éducateur sportif ou exploitant.
Conscients, de plus en plus d'acteurs s'engagent sur le terrain
Actuellement, un ancien entraîneur de football dans des clubs amateurs de la région parisienne est jugé devant la cour d'assises de Paris pour les viols et agressions sexuelles d'une dizaine de mineurs, à qui il faisait miroiter une carrière professionnelle. L'homme est notamment accusé de « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité » sur mineurs de moins de 15 ans et tentatives, « propositions sexuelles par voie électronique » et « corruption de mineurs » sur 13 jeunes joueurs qu'il entraînait dans des clubs de région parisienne entre 2003 et 2018. Les adolescents avaient pour la plupart moins de 15 ans au moment des faits. Neuf sont concernés par des faits de viols ou d'agressions sexuelles. La Ligue de football français aide désormais ses acteurs à détecter les signaux d’alerte et à adopter les bons comportements. Près de 300 joueurs, dirigeants et éducateurs ont été sensibilisés.
Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) s’est engagé dans la lutte contre toute forme de violence et de discrimination dans le sport avec le lancement officiel, le 18 janvier 2022, d'une commission dédiée. La Commission de Lutte contre les Violences Sexuelles et les Discriminations dans le Sport du CNOSF travaillera durant l'Olympiade à l'accompagnement des acteurs du Mouvement sportif dans la lutte contre ces violences, en lien avec les autorités publiques (ministère de l'Éducation nationale, ministère chargé des Sports, ministère de la Justice, ministère des Solidarités et de la Santé…) et les autorités judiciaires.
Sarah Abitbol ouvre la voie
En juin 2021, le ministère des Sports avait lancé un plan de prévention des violences sexuelles accompagné d’un kit de sensibilisation à destination des encadrants, éducateurs, bénévoles et familles. En novembre 2017, les acteurs de terrain étaient restés interloqués devant le tableau positif dressé par Laura Flessel, alors ministre des Sports du gouvernement d'Édouard Philippe, qui assurait qu' « il n'y a pas d'omerta dans le sport ». Un an après l'interview de Laura Flessel, Roxana Maracineanu, qui lui a succédé au ministère des Sports, avait pris son contre-pied, en utilisant le mot d'omerta à dessein et en reconnaissant les risques spécifiques au sport.
Depuis, la parution du livre de Sarah Abitbol, championne de patinage artistique, qui dénonçait les violences dont elle avait été victime de la part de son ex-entraîneur en janvier 2020, le sujet des violences sexuelles dans le sport n’est plus tabou. Un si long silence avait fait réagir les institutions françaises dans un contexte du mouvement #MeToo, de libération de la parole des victimes de violences sexuelles. Il restera comme le premier grand témoignage de violences sexuelles dans le monde sportif.
Sur la planète, un sportif sur sept serait victime d’une forme de violence sexuelle avant l’âge de 18 ans, peu importe le niveau de compétition et le pays où ces faits sont déplorés. « Je m'appelle Simone Biles, et je suis une survivante de violences sexuelles. Je rends responsable Larry Nassar et je rends responsable le système qui a permis et perpétré ces abus, la Fédération américaine de gymnastique et le Comité olympique américain », disait en 2021 celle que l’on considère comme la plus grande gymnaste de tous les temps. En 2018, la championne américaine révélait avoir été victime de Larry Nassar, ancien médecin de l'équipe nationale américaine de gymnastique féminine reconnu coupable de pédophilie. Larry Nassar aurait commis des agressions sexuelles durant pas moins de vingt ans.
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