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Covid-19, corruption, nouvelles stars... Les Golden Globes 2021 attendus au tournant - Le Figaro

DÉCRYPTAGE - Virtuelle en raison du virus et bousculées par des révélations peu reluisantes, la cérémonie pourrait consacrer une nouvelle vague de talents et de réalisatrices.

Les 78es Golden Globes seront décernés dans la nuit de dimanche à lundi au cours d'une cérémonie virtuelle organisée à cheval entre Beverly Hills, en Californie, et New York. Une première pour l'institution qui prépare la saison des prix et ouvre la voie aux Oscars. De la pandémie aux scandales, tout ne va pourtant pas pour le mieux sous les sunlights. Ce qu'il faut savoir avant la cérémonie.

Les lauréats dans leurs salons

Comme les Emmy awards en septembre qui récompensaient les meilleurs programmes de télévision, les Golden Globes auront un format hybride. Pas de tapis rouge ou de champagne ce dimanche. Tous les lauréats seront à distance, à leurs domiciles américains et européens, mais les deux présentatrices de la soirée Amy Poehler et Tina Fey seront bien sur scène, entourées de remettants tels que Salma Hayek, Laura Dern ou Angela Bassett.

Tina Fey et Amy Poehler Danny Moloshok / REUTERS

Petite particularité, Tina Fey et Amy Poehler ne seront pas côte à côte. La première animera de New York, la seconde de Los Angeles. La cérémonie qui distingue le meilleur des films et des séries du cru 2020, commencera à 20 heures de New York sur NBC. Soit deux heures du matin chez nous sur Canal +.

En l'absence de stars pour s'asseoir autour des tables de banquets, les Golden Globes, qui sont contrairement aux Oscars un gala où l'on mange et boit en temps normal, vont convier des personnels soignants et des travailleurs essentiels, notamment les bénévoles œuvrant dans les banques alimentaires.

Sous le signe du soupçon

Cela fait des années que la probité des Golden Globes est régulièrement remise en question. L'association de la presse étrangère à Hollywood (HFPA) qui l'organise compte 87 membres qui se cooptent entre eux. Entrer dans la HFPA n'est pas chose aisée et un processus opaque, il faut se trouver deux sponsors et les admissions se font au compte-gouttes car ce petit groupe de journalistes, souvent pigistes, basés en Californie ne veut pas diluer son influence exorbitante sur la saison des prix. Bichonnés par les studios, les heureux élus ont un accès privilégié aux stars et à certains voyages de presse. Ce qui explique pour beaucoup d'experts que la HFPA charrie, chaque année, des nominations qui défie l'entendement et le bon sens critique.

Parmi les nominations 2021 les plus ubuesques citons Kate Hudson pour Music, le film controversé et honni de Sia sur l'autisme. La double nomination, côté série, d'Emily à Paris a fait hausser les sourcils jusqu'à ce qu'on apprenne par une croustillante enquête à charge du Los Angeles Times qu'une trentaine de membres de la HFPA avaient étés invité sur le tournage de la comédie à Paris et très bien logés et nourris. Le journal révélait que la HFPA ne comptait aucun membre noir, que certains très âgés étaient pratiquement aveugles et sourds et qu'elle en rémunérait certains alors qu'elle est une structure à but non lucratif. Au sein du groupe, l'ambiance serait délétère : plusieurs journalistes qui voulaient intégrer l'association ont renoncé après avoir fait face à des calomnies et intimidations. L'une d'entre elles a même déposé une plainte antitrust contre la HFPA.

Plus que jamais un oracle des Oscars

Pré-Covid, les Golden Globes se déroulaient après les nominations et pendant le processus de vote des Oscars. Une victoire et un beau discours aux Globes pouvaient attirer une attention bienvenue. La pandémie ayant bouleversé le calendrier habituel, les Golden Globes auront lieu avant même que le processus de nominations aux Oscars ne débute. Les lauréats de dimanche paraîtront incontournables : on peut imaginer que certains des 10.000 professionnels du septième art qui forment le corps électoral des Oscars soient tentés de visionner en priorité les films primés par le petit sérail de la HFPA.

Au nombre de nominations, c'est Mank de David Fincher sur la genèse de Citizen Kane qui tient la corde avec six citations. Mais le très politique Les sept de Chicago d'Aaron Sorkin qui raconte le procès biaisé et entravé par la Maison-Blanche de militants anti-guerre du Vietnam a la faveur des experts pour remporter le trophée convoité de meilleur drame. En embuscade se profile Nomadland hymne de Chloe Zhao à la gloire de hippies modernes sillonnant les États-Unis dans leurs camionnettes. L'adaptation par Florian Zeller de sa pièce Le père, avec Anthony Hopkins en vieillard sombrant dans la démence, et le thriller féministe vengeur Promising Young Woman ne devraient pas être en mesure perturber ce face-à-face.

Promising Young Woman, Mank et Nomadland sont en lice pour le trophée tant convoité du meilleur drame Focus Features/Netflix/Searchlight

Côté comédie, car les Golden Globes séparent et démultiplient les catégories, la satire anti-Trump Borat 2 avec Sacha Baron Cohen dans le rôle du journaliste kazakh fictif part avec une longueur d'avance mais devra se méfier de la comédie musicale Hamilton.

En lice pour le trophée du meilleur acteur comique Sacha Baron Cohen est également sélectionné dans la catégorie du meilleur second rôle pour Les Sept de Chicago. Sa partenaire dans Borat, la révélation Maria Bakalova peut espérer dominer Michelle Pfeiffer (French Exit) et Anya Taylor-Joy (Emma).

L'heure des réalisatrices ?

Révolution post-MeToo, les Golden Globes ont nommé une majorité de femmes dans la catégorie meilleure réalisation. En huit décennies, seules Barbara Streisand, Jane Campion, Sofia Coppola, Ava DuVernay et Kathryn Bigelow avaient brisé ce plafond de verre. En 2021, elles sont trois : Chloe Zhao (Nomadland), les deux comédiennes et réalisatrices Regina King (One Night In Miami), star de Watchmen et Emerald Fennell (Promising Young Woman) qui campe Camilla Parker Bowles dans The Crown. Elles feront face des réalisateurs, mis en minorité, David Fincher et à Aaron Sorkin.

Chloe Zhao (Nomadland), les deux comédiennes et réalisatrices Regina King (One Night In Miami) peuvent espérer écrire l'histoire des Golden Globes Abaca

Cette ouverture d'esprit des 87 journalistes internationaux basés en Californie qui composent les Golden Globes a étonné. L'an passé, leur frilosité avait exaspéré Greta Gerwig (Les Filles du Docteur March) et Lulu Wang (L'Adieu). Paradoxalement, relève le magazine spécialisé The Hollywood Reporter, c'est donc cette catégorie de la meilleure réalisation qui est aussi celle qui prône la diversité avec une Afro-Américaine (King) et une cinéaste d'origine asiatique (Zhao).

Une nouvelle génération de stars

Les Golden Globes ont la réputation (surtout dans les sections séries) de faire émerger des jeunes talents. La HFPA chérit ce rôle de prescripteur de tendances et pourrait être tentée de l'appliquer cette année dans les catégories cinéma. Avec la pandémie, les studios n'ont cessé de décaler leurs blockbusters, le cinéma indépendant est donc très présent et met à l'honneur de jeunes acteurs (souvent découverts sur le petit écran). Plutôt que de couronner l'impériale et vétéran Frances McDormand (géniale dans Nomadland), les Golden Globes pourraient enfin adouber Carey Mulligan enragée, désespérée et imprévisible dans Promising Young Woman ou sacrer Vanessa Kirby en lice pour le titre de meilleure actrice pour son premier rôle principal à 32 ans pour Pieces Of A Woman, douloureux récit d'un deuil périnatal.

Chez les hommes, cette saison a propulsé Riz Ahmed, 38 ans en pleine lumière. Le Britannique d'origine pakistanaise est bluffant en musicien métalleux perdant l'ouïe dans Sound Of Metal. Mais décrocher le trophée s'annonce compliqué face au monument Anthony Hopkins (Le père), au solide Gary Oldman (Mank) et au regretté Chadwick Boseman, incandescent dans Le Blues de Ma Rainey. Dans la section meilleur acteur, les cinéphiles tricolores auront une pensée pour Tahar Rahim, emprisonné à Guantánamo dans Désigné coupable.

Les séries prennent leur revanche

D'ordinaire les palmarès télévision des Golden Globes, maudits pour rallonger la soirée, sont vite oubliés. Mais cette année la pandémie a accéléré les mutations en germe et rebattu les cartes. Les cinémas sont restés fermés de longs mois, les séries sont devenues fédératrices : un objet de désir universel, attirant même les plus récalcitrants.

Le jeu de la dame, The Crown et Normal People seront à surveiller dimanche Netflix/Hulu-BBC

Les Golden Globes ont réservé une pluie de nominations aux feuilletons les plus regardés de l'année. Deux pour Normal People ou la comédie footballistique d'Apple, Ted Lasso . Trois pour The Great . Signe d'un glissement du glamour vers le petit écran, Anya Taylor Joy et Olivia Colman sont nommées à deux reprises pour leurs films Emma et Le Père que très peu de monde a pu voir au contraire de leur interprétation de Beth Harmon dans Le Jeu de la dame et d'Elizabeth II dans The Crown. C'est pour ces performances sur Netflix qu'elles seront attendues.

Portée par «l'effet Diana», la quatrième saison de The Crown écrase la concurrence avec six citations, une prouesse à ce stade. Outre le trophée du meilleur drame, la chronique du règne des Windsor impose tous ses acteurs, parfois en rivalité frontale les uns avec les autres, des plus confirmés comme Gillian Anderson et Helena Bonham-Carter aux plus verts Josh O'Connor ou Emma Corrin. À 25 ans et pour son premier premier rôle, l'interprète de la princesse de Galles rejoint directement les vétérans Sarah Paulson (Ratched) et Laura Linney (Ozark). Elle n'est pas la seule jeune pousse à se hisser parmi des stars. Daisy Edgar-Jones (Normal People ) et Shira Haas (Unorthodox) tutoient Nicole Kidman (The Undoing) et Cate Blanchett (Mrs America). À dire vrai, les poids lourds des salles obscures se sont donné rendez-vous dans les sections miniséries qui offrent, comme un film, la promesse d'une narration bouclée : Ethan Hawke (Good Lord Bird), Hugh Grant (The Undoing), Mark Ruffalo (I Know That Much Is True).

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