Sacré bazar. Samedi, la Fédération des Sports de Glace va élire son nouveau président, dans un contexte de pur psychodrame. Nathalie Péchalat, l’actuelle présidente, est candidate à sa succession. Elle avait été élue il y a deux ans, suite aux révélations de violences sexuelles dans le patinage, par Sarah Abitbol et plusieurs patineuses, dans « l’Obs » et dans un livre « Un si long silence ». Ces révélations, qui mettaient en lumière l’omerta dans le patinage, avaient provoqué la démission forcée du président de la fédération Didier Gailhaguet, sous pression de la ministre des Sports d’alors Roxana Maracineanu.
Viols dans le patinage : la chute de l’empire Didier GailhaguetEn deux ans, le bilan de la nouvelle présidente est mitigé. Nathalie Péchalat a modernisé et restructuré la fédération, mis en place des mesures de prévention contre les violences, mais les clubs la jugent trop lointaine et froide, les ex-athlètes de haut niveau lui reprochent de diriger seule. « Elle m’a écarté, dénigré, alors que je proposais mon aide, témoigne Philippe Candeloro. Elle veut garder le pouvoir sans partage, elle retombe dans les travers de ses prédécesseurs. » Les victimes de violences sexuelles lui reprochent de n’avoir pas manifesté d’empathie vis-à-vis d’elles, et de n’avoir pas vraiment « fait le ménage » au sein de la fédération, par exemple en laissant à un poste de haute responsabilité Annick Dumont Gailhaguet, ex-femme de Gilles Beyer (l’agresseur de Sarah Abitbol) et ex-femme de… Didier Gailhaguet.
La suite après la publicité
« Deux ans, c’est court », se défend Péchalat
Ces reproches, Nathalie Péchalat les balaie : « On a énormément bossé. Le bilan de ces deux ans est positif sur l’éthique, le juridique, le sportif, le relationnel et l’organisationnel. J’ai dû prioriser tout en faisant face à la crise : sanitaire, économique et fédérale avec les scandales liés aux violences sexuelles et la crise juridique avec la menace du retrait de l’agrément ministériel. Il fallait aussi redorer l’image de nos sports sur le plan national et international. Il y a forcément des dossiers qu’on n’a pas eu le temps de traiter. Deux ans, c’est court. »
Le mystère Annick Gailhaguet : que savait l’ex-femme du patron du patinage français ?Nathalie Péchalat est loin d’avoir convaincu, mais la candidate en face d’elle soulève carrément un vent de panique. Pas parce qu’elle a une mauvaise réputation, « personne ne connaît cette Gwenaëlle Gigarel-Noury, présidente d’un club à Lorient ! », s’étonne Didier Lucine, entraîneur pilier du patinage artistique. La candidate provoque la panique parce qu’elle serait soutenue par… Didier Gailhaguet. L’ex-président ne peut pas être lui-même candidat, Nathalie Péchalat ayant fait voter de nouveaux statuts interdisant de faire plus de trois mandats. « Depuis deux ans, il a monté une équipe, et fait le tour des clubs, assure Didier Lucine. Il essaie de les convaincre de voter pour Gwenaëlle Gigarel-Noury. Cette candidate est une marionnette ! Il va mettre une marionnette à sa place, et reviendra après la tempête, il a toujours fait comme ça ! » Nathalie Péchalat confirme :
« Je ne peux pas vous dire grand-chose sur mon adversaire, je ne la connais pas, elle n’a pas souhaité débattre. Mais on sait que Didier Gailhaguet est derrière elle, plus ou moins dans l’ombre. Il est inéligible mais participe activement à sa campagne. »
Nous n’avons pu recueillir la réaction de Gwenaëlle Gigarel-Noury, qui n’a répondu à aucune demande de journaliste, semble-t-il. Didier Gailhaguet n’a pas répondu non plus à notre demande d’interview, mais a récusé dans « le Journal du Dimanche » toute manipulation de la candidate. Sans convaincre manifestement. Dans le petit monde du patinage, chacun se dit persuadé qu’il reprendra les rênes : « Si Gwenaëlle Gigarel-Noury est élue, il se fera nommer directeur de quelque chose… peut-être qu’il demandera à l’assemblée générale de changer les statuts et de se faire réélire président ! »
Un résultat qui s’annonce serré
Profitez de -50% la première année
en vous abonnant à L’Obs avec Google
En choisissant ce parcours d’abonnement promotionnel, vous acceptez le dépôt d’un cookie d’analyse par Google.
« Son retour, quelle que soit sa mission, serait un véritable coup d’arrêt au développement de nos disciplines sportives et un retour aux anciennes méthodes », prédit Nathalie Péchalat. « S’il revient, ce serait un retour en arrière désespérant !, s’étrangle Anne-Line Rolland, qui a été victime d’un entraîneur quand elle avait 12 ans. On aurait donc mené tout ce combat pour que des directeurs de club réélisent quelqu’un qui n’a jamais soutenu les victimes ? » Même inquiétude chez Sarah Abitbol. « S’il revenait, ce serait une gifle pour toutes les victimes, et symboliquement terrible pour notre sport », témoigne l’ex-championne, qui regrette une élection « ubuesque. Si on arrive à cette situation, c’est aussi parce que Nathalie Péchalat n’a pas voulu s’appuyer sur les clubs et les anciens sportifs de haut niveau. Je n’ai cessé de dire que j’étais disponible, avec mon association, pour travailler avec la fédération… elle n’en manifeste pas l’envie »
La suite après la publicité
Viols dans le patinage : une championne brise l’omerta
Ultime rebondissement : une pétition « contre le retour de Didier Gailhaguet » a été lancée il y a quelques jours, qui réunit plus de 500 signatures. On peut y lire que « le pire serait pour la FFSG de voir revenir “masqué” son ex-fossoyeur dont les pratiques tant décriées ont jeté à travers ses présidences successives un discrédit moral incompatible avec l’image et la valeur pédagogique et culturelle des disciplines dont cette fédération s’honore ». Qui a initié cette pétition ? Nathalie Péchalat récuse que ce soit son équipe. Des noms circulent, dans une ambiance de suspicion générale. « Quel que soit le résultat, j’ai hâte que cette élection soit passée », souffle Philippe Candeloro. Samedi, de l’avis général, le résultat devrait être serré.
En savoir plus et une source d'actualités ( Election sous haute tension à la Fédération des Sports de Glace - L'Obs )https://ift.tt/o9ra6n4
Des sports
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Election sous haute tension à la Fédération des Sports de Glace - L'Obs"
Post a Comment